Exposé pour la validation du diplome.

J’ai retrouvé les notes de mon exposé de fin de formation avec Manabu Watanabe et je me suis dit que ça représentait assez bien mon chemin sur le shiatsu pour vous exposer ma compréhension et mon approche générale actuelle alors vous lirez ci-dessous à peu près ce que j’ai exposé à partir de ces notes.

Découvrir, apprendre, évoluer, apprendre, évoluer, apprendre, évoluer …

Au début, il y a la curiosité qui m’a amené des arts martiaux à l’étude des points vitaux. Cette étude qui m’instruit et me confirme que ce sont les mêmes points qu’on utilise pour blesser que ceux qui sont employés pour soigner en Asie selon comment on les emploie. Étant secouriste depuis le lycée, ayant fait mon service militaire comme pompier, je préfère aider ou réparer les gens que les blesser même si j’ai appris à le faire.

J’ai commencé avec des certitudes, l’acupuncture, c’est compliqué. Faut connaître tous les points par cœur avec les angles et profondeurs pour enfoncer les aiguilles et j’ai jamais été bon pour ça. J’ai depuis appris que ce n’est pas le cas et c’est le défaut des certitudes que de biaiser vos choix.

Mais il y a d’autres façon de travailler sur ces points vitaux dont le massage et vu que je continue à m’intéresser au sujet, j’entends parler du shiatsu alors je me renseigne,j’essaye des écoles ou des journées porte ouvertes pour savoir si ça marche sur moi.

Il m’a fallu du temps pour en trouver une ou je me suis dit que dans celle-là j’ai la sensation qu’il se passe quelque chose alors je vais tester parce que si ça marche sur moi, je ne suis pas sur que ça marche avec moi. Est-ce qu’il faut un truc ? Est-ce que j’ai, moi, la capacité de ? Ça sera l’Ecole de Shiatsu thérapeutique.

Et ça marche, dès la première année j’ai des résultats dont une amie qui s’était bloquée le dos et qui repart libérée de son problème physique. Puisque ça marche, il faut apprendre, les points, le protocole, les rythmes et profondeurs. Faire, ressentir, écouter le corps de l’autre pour adapter.
Et au bout des quatre ans un diplôme mais est ce que ça suffit pour se sentir prêt ?

Parce que le protocole, c’est une base mais ça ne suffit pas pour faire un praticien. Les petites roues, c’est bien pour faire du vélo mais il faut s’en libérer. Alors faire des stages avec d’autres maîtres pour découvrir et progresser. Étudier les écrits de ceux que vous ne voyez pas en vrai. L’utilisation des vibrations, la technique de la main mère et de la main fille. Tester, vérifier.

Puis un jour c’est un stage avec Manabu et il n’utilise pas les points d’acupuncture. Il ne met même pas de pression alors est-ce qu’il fait vraiment du shiatsu ? Ce jour là j’ai osé, à la pause, lui demander :
« Vous ne visez pas les points et vous n’appuyez pas avec votre pouce. Est-ce que ce que vous faites c’est vraiment du shiatsu ? » il aurait pu dire que j’étais un petit con mais il a demandé :
« C’est quoi pour toi le shiatsu ? »
« C’est avec des pressions et des manipulations du corps l’aider à s’auto-réparer.
« Oui, c’est ça. »

Dans ma tête, encore plus d’incompréhension mais après la pause il me demande de servir de cobaye. Me fait m’allonger sur le ventre, place sa main sur mon omoplate gauche et je sens la chaleur dans la zone. Chaleur qui descend dans mon dos, dans ma jambe et quand il me demande de lever ma jambe, je ne peux pas, je n’y arrive pas. Je viens de ressentir ce que je ne peux pas mesurer, voir, chiffrer, expliquer.
Dans ma tête c'est: Toi, mon pote, t’as des trucs à m’apprendre.

Je repars pour un cursus de trois ans. Découvrir par le ressenti. Approcher les points intouchables et étant plus léger et plus profond. Pas besoin que mon pouce rentre si mon énergie peut y aller. Ma compagne, servant de cobaye à domicile , sentira la différence technique et réclamera parfois « fais la version Manabu ».
Repartir à la base pour oublier les points, les principes. Vider pour remplir. Les points, si il y a besoin tes doigts vont les trouver, les sentir, ils sont par là. Si tu corriges l’environnement, le point est moins utile. Tu peux même débloquer un point sans avoir à travailler juste dessus. C’est un plus mais pas la base du principe.

Je brusque moins mes patients, j’envoie plus en appuyant moins. Pour ça il faut corriger ma posture, mon centre, le Tanden et s’orienter dans la bonne direction permet de passer plus d’effet qu’un poids du corps appuyé fortement. Je suis passé de la gestion de la pression et essayer d’appliquer l’énergie. Je travaille ma sensation de l’énergie par le Qi Gong.

Et maintenant ? C’est pas fini.
Les vibrations ? Le son sur un corps composé à 70 % d’eau ?
Le somatique et le psychique ?
Autre chose ?
To be continued.

J’ai lu un livre traitant des arts martiaux qui s’appelle « hidden in the plain sight ».
Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt dit le proverbe et ce que j’ai appris avec Manabu, c’est que l’important ce n’est pas le point, ce n’est pas non plus le doigt.

Découvrir, apprendre, évoluer et recommencer.

Après cet exposé, Manabu m’a avoué avoir été surpris quand je me suis inscrit en septembre après ma remarque du stage ou je lui avais posé la question en juin. Il avait pensé que j’étais de ces gens remplis de certitudes, qui pensent savoir et n’apprendront pas. Ensuite il observé que même lorsque je doutais, j’hésitais, je cherchai, je venais apprendre.

Sa conclusion pour me donner le diplôme :« Tu es déjà praticien, tu as développé ton propre style. »

Avoir osé poser la question a provoqué cette opportunité de vivre, de ressentir ce que je ne pouvais voir. Cette découverte a ouvert une nouvelle porte de compréhension, un nouvel axe de recherche par la sensation. Mon éducation de scientifique ne peut pas le mesurer autrement que par l’effet ressenti par le receveur et moi mais quand on le sent tous les deux, peut on nier ce qu’on perçoit ? Il y a encore du chemin et à découvrir...apprendre...évoluer